Gargarismes

Numéro 1 - Rennes 2 : la CNT à l'ombre des bulldozers

L'université de Rennes 2, toujours plus sur la voie de la privatisation, vient de vendre une partie du Campus de Villejean à l'opérateur télécom' Orange, lui-même anciennement France Télécom, privatisé à l'orée du vingtième siècle.

La société Eiffage, en charge des travaux, est censée détruire les préfabriqués qui, depuis des années, abritaient des salles de classes ainsi qu'un cagibi réservé au syndicat de lutte, la CNT (Confédération Nationale du Travail). L'objectif des travaux est de construire un campus « numérique » dont Orange sera le propriétaire et Rennes 2 le locataire ! Bref, le bon vieux coup du « Partenariat Public Privé ».

Dans leur élan ultra-libéral, et donc anti-syndical, les dirigeants de la fac-entreprise de Rennes 2 ont annoncé leur refus de reloger les adhérent-e-s dans d'autres locaux.

Ayant refusé toute rencontre avec la CNT, au motif qu'elle n'était pas légitime (ne se présentant pas aux élections universitaires), la présidence a fait savoir qu'il s'agissait d'une décision politique dans le cadre de la « normalisation politique » de Rennes 2 ! Bref, tenter de liquider les dernières traces du passé militant de la fac.

Du coup, depuis la rentrée de janvier, le local est occupé nuit et jour, 7 jours sur 7, sous les yeux de tou.t.e.s les étudiant.e.s qui n'étaient pas au courant du projet privé de Monsieur Jean-Emile Gombert, président de l'université.

Baptisée LAD, Local A Défendre, en référence à la ZAD (Zone A Défendre) de Notre-Dame-des-Landes, l'action d'occupation ne faisait probablement pas partie du planning de la présidence. Un concert de soutien auquel participaient les Fosses notes et Billy ze kick a réuni jeudi 6 février plus de 200 personnes dans le hall B et s'est déroulé dans le calme, avec quelques murs redécorés par le public.

Une semaine plus tard, lors de la journée portes ouvertes de l'université, le président Gombert a renoué avec la pratique de son prédécesseur et payé la présence de vigiles de la boîte de sécurité ARKA. Ceux-ci s'étaient déjà illustrés lors des précédentes grèves par leurs agressions violentes et menaces à l'encontre des étudiants grévistes. Lors de cette journée, destinée à « vendre » l'entreprise Rennes 2 à ses futurs étudiants, ils n'ont pas manqué à leur réputation en cassant la prise micro de la sono de la CNT qui tentait de faire un concert devant les bâtiments, et s'en sont pris aux syndicalistes. A ce jour (mi-février) une réaction de Solidaires étudiants et du SLB est en préparation.

Au lieu de filer un local à des militants, Gombert prend désormais le risque de réveiller les « vieux démons » qu'il a eu la mauvaise idée de vouloir envoyer aux oubliettes. A suivre.

Moulay Siba