Gargarismes

Numéro 8


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Sommaire

Loyer unique
Intersexuation
Projets miniers
Touche pas à mes cheveux
Lutte agricole
Hôpital
Budget participatif
Bure

Édito

Alors qu'en 2012 François Hollande avait été élu sur un semblant de « gauche » (« mon adversaire c'est la finance », hein on avait bien rigolé), après cinq années de gouvernement à droite toute, Emmanuel Macron ne se cache plus d'être le candidat du patronat. Sa victoire sur l'extrême-droite ne doit pas masquer la radicalisation des gouvernants.
À Gargarismes nous avons eu des attitudes différentes par rapport au vote, mais en tout état de cause nous n'attendons pas d'homme providentiel — de femme encore moins, vu la persistance des inégalités de genre. Pour autant, soyons optimistes : la méfiance envers les politicien⋅nes et leurs magouilles explose, et de nouvelles manières de faire de la politique continuent de faire leur place dans les têtes des insatisfait⋅es.
La participation politique ne peut se réduire au scrutin, comme elle ne peut se réduire à des décisions superficielles (lire page 10). On ne peut pas à la fois exprimer sa voix et attendre que le changement vienne d'en haut, et justifier son inertie personnelle par l'impuissance des dirigeants et l'illégitimité des institutions sociales. Les Nuit Debout de l'année passée, au-delà de leurs imperfections, sont un autre signe qu'un nouveau rapport à la politique continue d'émerger.
Nous sommes la masse qui travaillons et sur laquelle repose l'économie. Les grèves et luttes qui continuent s'opposent à une précarisation du cadre de vie comme à l'hôpital de Rennes (à lire page 2). Sans nier le contexte globalisé qui est le nôtre, Gargarismes prend le parti d'agir à l'échelle locale, et entend montrer les initiatives et luttes écologiques, comme celle contre l'extractivisme (à lire page 6 à 8) ou les réformes agricoles (à lire page 9), contre le nucléaire et son monde (page 11), pour un avenir plus juste.
Le vote n'est jamais autre chose qu'utile, mais pour qui ? Les dominé⋅es sont souvent divisé⋅es car leurs existences sont complexes et leurs revendications facilement instrumentalisées par l'État pour justifier des lois, pratiques et discours islamophobes au nom de la liberté et des droits des femmes, ou sexistes au nom de l'antiracisme (comme la loi contre le voile de 2004 qui essaye de s'étendre). Les identités a-normales sont soit invisibilisées et d'autant plus réprimées, comme le cas des intersexes (à lire pages 6 & 7) ; soit réduites à des stéréotypes et marginalisées. Les nombreux « efforts » pour plus de mixité sociale (lire page 5) ne mettront pas fin aux structures économiques et sociales qui précarisent et discriminent profondément les dominé⋅es (lire page 4).
Ne pas voter, ce n'est pas se rendre coupable d'un suffrage qui donnerait le pouvoir à l'extrême-droite. Les véritables abstentionnistes ne sont-elles pas les personnes qui attendent un changement des institutions sans comprendre que les institutions... c'est nous ? La montée de la pensée libérale, autoritaire, raciste ou sexiste, ___iste n'est pas que le résultat d'un scrutin mais aussi celui d'un rapport de force dans lequel il faut prendre sa part quotidiennement et pas (seulement) de manière isol(oiris)ée !