Numéro 3

Le journal en PDF

Sommaire

CRA & contrôle
Transports gratuits
Protection de l'enfance
Bêtes esclaves
ZAD & répression
Maux du travail
Parking
Campement de Cleunay
RSA

Édito

En préparant ce #3, on a beaucoup parlé d'objectivité. Gargarismes défend-il la neutralité du journalisme et l'objectivité de l'information ? Absolument pas – c'est des foutaises, tout ça. Dans la sélection des articles, dans le choix des mots, dans l'ajustement du ton : rien n'est vraiment anodin et les convictions sont souvent transparentes. D'ailleurs c'est bien parce qu'on est convaincu que les médias classiques sont trop souvent sur la même ligne politique qu'on a créé le nôtre. Maintenant qu'on en est là, c'est pas le moment de se taire !

Oui, mais. Depuis le début en mars dernier, on a récolté des avis assez différents. Quel que soit le sujet, certains lecteurs partageront le point de vue d'un texte, d'autres seront déçu.e.s parce que le sujet n'est pas assez creusé, ou parce qu'ils ne sont simplement pas d'accord ; d'autres encore y trouveront de quoi alimenter leur propre réflexion, voire le point de départ d'un nouveau questionnement.

Alors peut-on s'adresser à tou.te.s avec le ton et la profondeur qui convient à chacun.e ? Partir de zéro s'il le faut et aller jusqu'au bout de sa pensée. Apporter des faits, des citations, des chiffres pour être convaincant, mais sans affadir sa subjectivité. Mélanger tout ça dans un espace souvent trop petit. Et se confronter déjà, avant même l'impression, aux premières relectures – puisqu'on n'est bien sûr pas d'accord entre nous. Cette formule magique, on la cherche ; et si on la trouve, ce sera sans doute par hasard !

Dans le #2, on parle de la prison. Les auteurs ont choisi de faire une « photo » grand angle du monde carcéral, en pariant sur le fait que la photo parlerait d'elle-même. C'est un point de vue plutôt objectif – trop ? Quoiqu'il en soit, on publiera encore sur la prison. Et puisqu'on tient dans Gargarismes à relayer celles et ceux qu'on n'entend pas, on parlera des luttes de l'intérieur plutôt que de celles des maton.ne.s, qui ont à chaque mouvement parole dans Ouest-France.

Dans le #2 on a aussi écrit sur les luttes du personnel de Guillaume Régnier. Eux n'ont pas eu pleine page. Les médias sont restés discrets pendant de longs mois jusqu'à ce que le spectacle les appâte, avec l'occupation fin mai du conseil de surveillance de l'hôpital. Alors on a choisi de relayer cette lutte ici, tout en sachant qu'un jour on publiera aussi des témoignages allant contre la psychiatrie. Paradoxe ?
C'est une réflexion à poursuivre. Une certitude : on ne plaira jamais à tout le monde parce qu'on ne plaira jamais à ceux qu'on vise – et ils sont nombreux. L'essentiel n'est-il pas là ?